A partir de quel âge un enfant peut-il avoir une peine de coeur ?
Les enfants très tôt peuvent « tomber amoureux » et l’expriment souvent avec une spontanéité déconcertante dès la maternelle. La légèreté avec laquelle ils peuvent exprimer ces sentiments amoureux (ou même le fait qu’ils n’en disent rien), ne doit pas laisser croire que leurs sentiments sont à prendre à la légère ! De même, il se fâchent avec leurs amis, sont déçus, mis de côté et en souffrent !Comme les adultes, nos enfants connaissent des peines de cœur et auront besoin de l’aide de leurs parents pour les aider à les surmonter.
Comment savoir s’il va se confier à ses parents ?
Si vous avez pris l’habitude de vous rendre disponible, d’écouter votre enfant, de ne pas juger ce qu’il pense, de ne pas minimiser les problèmes qu’il vous expose, de ne pas vous angoisser exagérément, il s’établira entre vous et lui une relation de confiance. Cette relation le sécurisera, lui permettra de trouver quand il en aura besoin, une oreille pour se confier, des bras où se blottir, un endroit rassurant où venir déposer ses petits fardeaux.
Dans ces conditions, vous connaitrez très probablement les amis et « l’amoureux (se) » de votre enfant et serez informés des épisodes qui jalonneront ses histoires de cœur. Il vous sera donc plus facile d’intervenir si besoin, en donnant votre avis, ou en l’aidant à relativiser. Ou tout simplement, l’écouter, le soutenir, l’encourager. Ce qui compte pour commencer, c’est donc bien la relation de confiance.
Quels conseils faut-il lui donner ?
Pour apaiser une peine de coeur, ce qui compte en premier, c’est l’attitude plus que les conseils. Vous aurez beau donner tous les meilleurs conseils, hérités de votre expérience d’adulte, de vos réussites et échecs sentimentaux, votre enfant sera d’abord attentif à votre attitude. Celle-ci traduit bien souvent avec efficacité, ce que vous craignez, ce que vous espérez. Elle est le reflet de ce que vous êtes, et sert de modèle à vos enfants. Notamment concernant la façon dont vous gérez vos relations amicales et amoureuses.
Si votre enfant vous voit « déprimer » quand une amie vous a déçu ou vous mettre en colère quand quelque chose ne va pas avec votre conjoint, il aura tendance à répéter les mêmes comportements.
Comment savoir qu’il a une peine de cœur ?
Personne mieux que vous ne connait votre enfant. Vous saurez donc déjà, reconnaitre les signes qui montreront son mal-être. Certains s’isolent, restent murés dans leur silence, d’autres en parlent, d’autres font des cauchemars ou ont mal au ventre, au dos, au cœur !
Pour les enfants qui parlent, vous serez rapidement au courant de la « trahison », des « méchancetés » ou de la rupture.
Pour ceux qui ne parlent pas, il faudra « décoder ». Une tristesse, la perte d’appétit, beaucoup de temps passé seul dans sa chambre, décliner les invitations de ses amis, une colère…
Pour connaitre l’origine de ces comportements, un échange en « tête à tête » peut s’imposer.
Comment entamer la discussion ?
Si vous décidez de discuter pour savoir si votre enfant a une peine de cœur, il est important de choisir le bon moment: attendre d’être arrivé à la maison, que les petits détails du quotidien soient réglés (goûter, devoirs,…), que les autres enfants, s’il y en a, soient dans leur chambre (ou dans un endroit d’où ils ne pourront entendre ce qui se dit).
Le bon moment, c’est aussi celui où l’on se sent prêt à écouter, avec patience et disponibilité.
Pour cela, mieux vaut éviter de cuisiner le repas ou ouvrir son courrier ou faire toute autre activité pendant la discussion.
Comment s’assurer d’avoir bien compris la situation ?
Ca y est, le « bon moment » est arrivé. Laissez le/la s’exprimer, pleurer si besoin, sans répondre ou réagir dans un premier temps. Quelques gestes affectueux, peuvent démontrer, sans mots, le soutien que vous lui apportez.
Ensuite quelques balises pour mener cette discussion :
Surtout, ne minimisez pas : si cela vous semble dérisoire, il/elle le vit peut être avec intensité et douleur. Les amitiés et histoires d’amour ont beaucoup d’importance à un âge où nouer des relations sociales est primordial.
Ne jugez pas et ne critiquez pas les personnes concernées.
Ne vous moquez pas des sentiments de votre enfant.
Une fois qu’il/elle aura « vidé son sac », essayez d’en savoir un peu plus sur la situation. Les enfants peuvent interpréter des gestes et des paroles à mauvais escient, s’angoisser de façon exagérée (au regard de la réalité), et même imaginer toutes sortes de choses qui rendront le problème hypothétique voire un peu « hors réalité ».
Voici des questions qui peuvent vous aider à connaitre la situation (et aider votre enfant à relativiser) :
Que t’a-t-il/elle dit exactement ?
Pourquoi crois-tu qu’elle/il ne veut plus te voir ?
As-tu vérifié auprès d’elle/lui ce que tes amis t’ont dit d’elle/lui ?
Qu’est ce qui te déçoit ?
En parlant des faits précis, vous distinguerez ce qui est de l’ordre de la réalité et celui de son imaginaire. Tout en faisant cela, l’enfant pourra se rendre compte, peut-être, que les choses ne sont pas si grave que ça. Vous saurez aussi si leur peine de cœur est ou non grave (durable, très douloureuse) et si cette discussion suffira ou non.
Quelques conseils pour finir ?
- Montrez votre confiance
Si vous lui montrez que vous le croyez capable de surmonter cette mauvaise passe, votre enfant n’en sera que fortifié. Vous l’aiderez à avoir confiance en lui et à trouver les ressources nécessaires pour aller de l’avant.
- Attention aux projections !
Quand il vous racontera ses peines de cœur, il est possible que vous sentiez des émotions insoupçonnées, que vous vous voyiez à la place de votre enfant, que vous ressentiez ce que vous-même avez ressenti quand, enfant, vous avez été confrontés aux mêmes difficultés. Ces projections, peuvent vous aider à mieux comprendre votre enfant, et lui apporter votre regard d’adulte, plus mature. Mais elles peuvent aussi être un piège. En effet, l’enfant que vous avez été est unique et combien même votre enfant vous ressemble, la situation qu’il vit, bien que similaire, est strictement différente de la vôtre.
Attention aux : « Si j’étais toi... », « Tu devrais l’oublier, sinon tu vas encore souffrir… » . Ne lui demandez pas de faire ce que vous auriez fait à sa place ; il n’en sera peut être pas capable ou voudra le faire juste pour vous faire plaisir mais il n’apprendra pas à trouver par lui-même la solution.
Ne le conseillez pas en fonction de ce que vous avez ressenti, ou des erreurs que vous auriez voulu éviter à votre enfant : vous risquez d’être mal compris : « Surtout, ne fais pas la même erreur que moi ! ». Si vous avez eu le droit de faire des erreurs pour apprendre, lui aussi aura besoin de traverser des épreuves et prendre le risque de se tromper pour mûrir… Sans craindre les « si tu m’avais écouté… ». Votre enfant a besoin de sentir que vous écoutez ce qu’il vit lui, ce qu’il ressent, lui. Et que vous faites confiance à ce qu’il est capable de faire, lui.
Les peines de cœur sont des passages obligés pour l’apprentissage de la vie relationnelle : jalousie, rivalité, trahison, sentiments non partagés, séparations… Elles ne sont pas à éviter : nous ne pouvons pas vivre isolés des autres. Mais on peut apprendre aux enfants à les traverser, en tirer des leçons et gagner en prudence, en sagesse, en maturité !
Vous souhaitez aller plus loin ?
Comment aborder avec son adolescent cette délicate question ? Comment se situer ? Quels repères poser ? Comment faire face aux difficultés et peines sentimentales ?
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Pour aller plus loin
« Amours et amitiés enfantines », S. Gerber, éd. Marabout, 2008